Elle existe
L’air
La lumière
Le murmure plus clair du vent
Une odeur plus sèche, presque florale
Le vert se fait moins dense
L’immensité se fend
Là-bas
Entre deux arbres
Trop droits pour être naturels
un vide
Un soupçon d’espace
Mes yeux plissent
Mon souffle se suspend
Est-ce… ?
Un éclat
Une ligne plus claire, presque dorée
La forêt s’ouvre, pas encore
Juste une faille
Une invitation
Je ne suis pas encore arrivé
Mais je l’ai vue
La clairière existe
Introduction
Ce poème s’inscrit parfaitement dans le recueil Balade en Forêt, où chaque texte explore les pensées et sensations qui émergent lors d’une promenade. Ici, l’attention se concentre sur un moment de révélation subtile, lorsque la forêt, dense et enveloppante, laisse apparaître une ouverture inattendue. L’atmosphère est à la fois silencieuse et suspendue, marquée par l’éveil des sens et la contemplation.
Axes thématiques
Le texte développe plusieurs thèmes liés à l’expérience de la marche et à l’émerveillement.
- L’observation de la nature : l’air, la lumière, le murmure du vent, les odeurs et les variations de vert créent une immersion sensorielle totale, comme un langage vivant de la forêt.
- La perception et l’éveil : le poème explore l’intensité de l’attention portée aux détails — Mes yeux plissent. Mon souffle se suspend. — traduisant la concentration et la sensibilité du promeneur.
- L’anticipation et la découverte : la clairière n’est pas encore atteinte, mais sa présence est pressentie, symbolisant la promesse de nouveauté et la beauté du seuil.
- L’espace et la lumière : l’ouverture dans la forêt devient métaphore de l’espace intérieur et de la possibilité de voir et de ressentir plus clair, plus vaste.
Écriture et musicalité
L’écriture est fragmentée, faite de phrases courtes et de vers éclatés, ce qui mime le rythme d’une marche attentive et contemplative. L’utilisation des points et des retours à la ligne crée un souffle et des pauses, renforçant l’effet de suspension et de concentration.
Le vocabulaire est sensoriel et précis, privilégiant les perceptions immédiates : sec, presque florale, trop droits pour être naturels, dorée. Cette précision donne au poème une musicalité subtile, presque silencieuse, qui reproduit l’intimité de la promenade.
Lecture sensible
La lecture produit un sentiment de tension douce et d’émerveillement progressif. Le lecteur partage l’attente et la surprise du promeneur, sent la forêt se déplier devant lui, et ressent le frémissement de la découverte imminente. La clairière devient symbole de révélation, d’ouverture et d’espace à la fois physique et mental.
Conclusion
Ce poème illustre la capacité du recueil à transformer une simple promenade en une exploration intérieure. Par ses images sensorielles, sa tension contemplative et sa progression subtile vers la lumière, il montre comment la forêt devient miroir de la pensée et du sentiment, révélant des instants de beauté fragile et d’intuition poétique.